EDITORIAL
DX et propagande :
terrain glissant… Dans le monde des radioamateurs, il est tout à fait possible, sans
risque de corruption, de dialoguer sur les ondes avec des opérateurs résidant
dans des pays totalitaires. En effet, les conversations doivent se limiter à
des échanges techniques, du moins en théorie. De plus, les radioamateurs des pays concernés n'approuvent pas
forcément la politique de leurs dirigeants. Dans le domaine de la radiodiffusion, la situation est
totalement différente. Le but d'une radio comme "La Voix de la Corée",
émettant depuis la Corée du Nord, est de diffuser de la propagande vers l'étranger
en différentes langues, y compris en français, avec pour objectif
d'influencer l'opinion de la population visée. Bon nombre de stations internationales ayant cessé d'émettre en
ondes courtes, l'offre s'est considérablement réduite. Face à cette pénurie, certains amateurs de réception à grande
distance trouvent naturel de se tourner vers les stations des pays
totalitaires, et même de leur écrire régulièrement pour obtenir en retour la
précieuse carte QSL. Mais cette démarche n'est pas
neutre, car pour obtenir une carte QSL, il faut fournir des détails sur le
programme écouté, et donc s'en imprégner. Du pain béni pour le pays émetteur et ses dirigeants. Par ce
retour, ils savent ainsi que la cible est atteinte. S'intéressant à la
culture du pays émetteur, et croyant réaliser une prouesse technique en
écoutant un pays lointain sur son petit récepteur ondes courtes, l'auditeur
devient complice. Il faut d'ailleurs être naïf pour croire que le fait de
recevoir un émetteur de 500 kilowatts avec un récepteur portatif chinois soit
une prouesse technique. La Corée du Nord est loin d'être la seule dictature à diffuser
sa propagande sur les ondes courtes. Récemment, la Russie a lancé des tests à grande puissance
depuis la Transnistrie, territoire Moldave occupé illégalement par les
Russes. Nommée Vesti FM, la station a
provoqué un véritable engouement sur certains forums francophones. Quelques DXeurs de l'Hexagone se sont immédiatement lancés dans
une chasse à la QSL, qu'ils sont tous fiers d'avoir obtenue dans un temps
record. Test concluant pour la station, qui possède maintenant dans ses
fichiers un excellent carnet d'adresses pour ses prochaines émissions de
propagande. Avant d'écouter de telles stations, et surtout avant de leur
écrire, chacun devrait se poser cette question : quel programme aurais-je
écouté en 1940 ? Berlin ou Londres ? Jessie K. |
France Bleu + France
3 = "ici", ou le retour vers le passé En ce mois de janvier 2025, le réseau des radios
locales de Radio France change de nom. En l'an
2000, à l'initiative de Jean-Marie Cavada, alors PDG de Radio France, les
radios locales publiques ont fusionné avec Radio Bleue, station destinée aux
seniors. Ainsi est né le réseau France Bleu. Et 25 ans plus tard, le réseau
est renommé "ici". La décision de l'Arcom n° 2024-1226 du 18 décembre 2024,
publiée au Journal Officiel du 28 décembre 2024, dresse la liste des
nouvelles appellations des 44 stations locales de Radio France. Que
France Bleu Auxerre devienne "ici Auxerre", ou encore que France
Bleu La Rochelle devienne "ici La Rochelle", rien de choquant. Idem
pour "ici Paris Ile de France". Mais
que France Bleu Gironde devienne "ici Gironde", ou que France Bleu
Alsace devienne "ici Alsace", ce n'est pas très élégant. La logique
serait "ici La Gironde", et "ici l'Alsace". Quant
à "ici Creuse", ou encore France Bleu Berry qui devient "ici
Berry" (Sibérie !) c'est à la limite du mauvais goût ! Le
logo "ici" apparaît par ailleurs sur les journaux télévisés
régionaux du réseau France 3. L'objectif
est de fusionner la chaîne de télévision France 3 avec l'ex-réseau
radiophonique France Bleu. La nouvelle entité née de cette fusion prendra la
marque "ici". En
1975, après l'éclatement de l'ORTF, les radios régionales du service public
étaient rattachées à FR3, devenue par la suite France 3. 50
ans après, on refait la même chose, la marque FR3 étant simplement remplacée par
"ici". Mais
il s'agit seulement de la première étape d'un plus vaste projet, qui consiste
à fusionner France Télévisions et Radio France. L'ORTF,
qui regroupait la radio et la télévision publique, a été crée en 1964,
succédant à la RTF (1949) et à la RDF (1945). Il
suffit de remonter le temps, en donnant l'illusion de faire du neuf, en
recyclant de vieilles idées… |
Infox sur l'AM ! En France,
la radio est considérée par une majorité de nos compatriotes comme étant le moyen
d'information le plus fiable. Paradoxalement,
de tous les médias nationaux, la radio est celui dont on parle le moins. Que ce soit
à la télévision ou dans la presse écrite, et même à la radio, on ne parle pas
de radio, ou alors très rarement. Et lorsqu'on le fait, c'est souvent avec
des approximations et des contre vérités. Après avoir
été la championne des Grandes Ondes au 20ème siècle, la France a
abandonné cette gamme d'ondes, en affirmant que les émetteurs AM étaient trop
énergivores. En cette période
de prise de conscience écologique, tout le monde y a cru, à l'exception de
ceux qui ont pensé à prendre en compte la quantité d'énergie consommée par
les centaines d'émetteurs FM et DAB+ qui assurent une couverture seulement
incomplète du territoire, en remplacement des émetteurs AM. Quant aux
ondes moyennes et aux ondes courtes, on les a enterrées depuis longtemps.
D'ailleurs si elles sont courtes, c'est que leur portée est faible ! Nous
savons ici que c'est tout le contraire. Certains
journalistes évoquent tout de même les ondes courtes, seul moyen de recevoir
une information objective dans les pays en guerre, ou en crise. Mais ils ne
peuvent pas s'empêcher d'affirmer que pour la circonstance, les auditeurs ont
ressorti les récepteurs d'antan, récupérés dans le grenier de leurs
grands-parents. Comme s'il
était nécessaire, pour recevoir les ondes courtes, d'utiliser des récepteurs
à lampes* datant de la seconde guerre mondiale ! Pourquoi pas des postes à
galène dans ces conditions ? (*) J'ai
même entendu un journaliste d'une radio locale parler de "récepteurs à
ampoules" !! Sans faire
de publicité, j'invite tous ces journalistes à faire un tour sur le site
d'Amazon, ou sur les sites des fabricants comme Tecsun
ou Sangean, entre autres, où ils pourront trouver
des récepteurs ondes courtes utilisant les dernières technologies, pour
seulement quelques dizaines à quelques centaines d'euros. Certains peuvent
même tenir dans la poche de leur veste, avec des performances égalant celles
des postes de nos aïeux. Et s'il leur
reste un peu de temps, ils pourront se renseigner sur les récepteurs SDR (Software Defined
Radio) ou Radio Définie par Logiciel, où un simple boîtier raccordé à un PC et
à une antenne, permet de recevoir plusieurs gammes d'ondes avec des
performances remarquables. Et enfin,
toute personne qui écrit un article sur les ondes courtes devrait savoir que
certaines émissions sont émises en numérique, avec la technologie DRM (Digital Radio Mondiale), qui procure un
son comparable à celui de la FM. Ainsi l'AM serait obsolète, comme l'a été le disque vinyle, qui se
vend aujourd'hui beaucoup plus que le CD. Et les platines vinyles reviennent
en force dans les magasins. Dans ces mêmes rayons, on trouve même des radios
cassettes, autre technologie décrétée obsolète à la fin du 20ème
siècle. Alors, de
grâce, arrêtez de marginaliser l'AM, ce n'est plus
la radio de grand-papa ! |
RTL en grandes
ondes, l'obsolescence décrétée C'est fait ! RTL France a quitté définitivement les ondes
longues le 2 janvier 2022 à 1 heure du matin. Document Atlantic 2000 : dernière heure d'émission en ondes longues
à écouter ici. Après avoir pris le contrôle des 3 radios françaises RTL, RTL2 et
Fun Radio, le Groupe M6 (créé par RTL !) cherche à faire des économies. Ainsi, l'émetteur de Beidweiler dans
le Grand Duché de Luxembourg a cessé ses émissions sur 234 kHz le 2 janvier à
la fin des nocturnes de Georges Lang, sans aucune annonce. Aucune allusion à l'antenne durant ces 2 heures d'émission.
Surprenant pour ce vétéran de RTL, qui fête cette année les 50 ans des
nocturnes, qui ont longtemps été diffusées depuis la Villa Louvigny, dans le Grand Duché de Luxembourg. Simple négligence, ou consigne de sa hiérarchie ? Comble de l'hypocrisie, la direction utilise le prétexte
écologique pour justifier une décision purement commerciale. De même, on justifie ce choix par l'absence de la gamme des
ondes longues sur les nouveaux récepteurs. Pourtant, il suffit de parcourir
les rayons de nos grandes surfaces pour trouver encore très facilement des
récepteurs neufs GO/FM, et même GO/PO/FM. Les fabricants ne dictent pas les décisions des
radiodiffuseurs, il ne faut pas inverser les rôles. Si dans quelques mois les ondes longues disparaissent des
nouveaux récepteurs, ce sera la conséquence des décisions des diffuseurs, et
non des fabricants. Autre argument avancé par les détracteurs des grandes ondes :
le son de la modulation d'amplitude serait exécrable. L'enregistrement de la dernière heure
d'émission, que nous avons réalisé à près de 900 Km de l'émetteur de Beidweiler, démontre le contraire. Cet argument est
pourtant répété inlassablement dans la presse par des journalistes qui n'ont
jamais écouté les grandes ondes. En fait, tout dépend de la qualité du récepteur, et de
l'émetteur utilisés. Il existe aussi de très mauvais récepteurs FM. Par ailleurs,
une partie de nos radios FM nationales ont un son déplorable, dû à une
compression excessive de la modulation, destinée à obtenir un son plus
puissant au détriment de la qualité. Finie donc l'écoute sur les routes de campagne et de montagne,
dans les petites villes et les villages, la FM assurant seulement une
couverture partielle du territoire. Même punition pour les auditeurs francophones ou francophiles
des pays frontaliers. Paradoxalement, le programme français de RTL n'est pas
diffusé en FM dans le Grand Duché ! Il reste donc Internet. Sur M6, il y a bien longtemps que les
publicités pour RTL ne nous montrent plus d'autoradio ou de poste à
transistors. Pour écouter RTL, on nous montre… un smartphone. Il fallait donc s'y attendre. Pour citer l'humoriste Anne Roumanoff : "Sur Internet, on peut écouter la radio,
tout en payant le téléphone". En cette période de transition énergétique, le prétexte est
tout trouvé. L'émetteur ondes longues est trop énergivore,
nous dit-on. Il avait pourtant été remplacé il n'y a pas si longtemps par un
émetteur transistorisé, moins gourmand en énergie. La station économiserait ainsi 6000 mégawattheures
par an. Curieusement, personne n'a pensé à additionner l'énergie
consommée par les centaines d'émetteurs du réseau FM de la même radio, qui couvre
seulement une partie du territoire. Auxquels il faudra ajouter ceux du réseau
DAB+. Personne n'a publié la quantité d'énergie nécessaire pour
alimenter les serveurs diffusant le programme sur Internet. Par ailleurs, les dirigeants de M6 n'ont pas pris en compte la
vulnérabilité des réseaux fibre, filaire et mobile en cas de catastrophe
naturelle, d'attaque virale ou autre. Mais qu'importe, l'obsolescence des grandes ondes a été
décrétée, sans autre forme de procès… |
Les ondes de la
liberté Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, nos décideurs ont
décrété que les ondes courtes étaient obsolètes, la radio AM étant considérée
comme une technologie dépassée. On a alors tout misé sur les nouvelles technologies. Les radios
internationales ont commencé à installer des relais FM dans les pays ciblés
par leurs émissions. Avec le développement de l'Internet et des réseaux mobiles, il
était désormais possible de toucher un large public à peu de frais, du moins
en théorie. On s'est débarrassé peu à peu de ces émetteurs AM qualifiés
subitement d'énergivores. Pourtant, le remplacement des vieux émetteurs à tubes par des
émetteurs à transistors avait permis de réduire considérablement leur
consommation. Certains signes auraient dû pourtant alerter nos radiodiffuseurs.
A plusieurs reprises, les signaux de RFI et de la BBC ont été coupés sur des
émetteurs locaux africains parce qu'une information diffusée sur l'antenne
avait déplu à un despote local. Dans les pays totalitaires comme la Chine ou la Russie, les
dictateurs ont décidé de filtrer, puis de couper les réseaux sociaux et les
sites Internet susceptibles de contourner la censure mise en place dans leur
pays. En remplacement, les habitants ont accès à une sorte d'intranet où on
leur distribue de fausses informations élaborées par leurs dirigeants. Il s'agit de parer à toute forme de révolte, pour que le
despote puisse continuer librement ses basses besognes, consistant à piller
sa population, à massacrer des minorités sur son propre territoire, ou à envahir
un pays voisin. Dans le même temps, la Chine a continué à développer ses
émissions en ondes courtes vers l'étranger, et la Russie nous a distillé son
infâme propagande avec sa chaîne RT diffusée sur nos satellites et nos propres
réseaux, financés par nos soins. Au moins à l'époque de Radio Moscou, ce sont eux qui
finançaient leurs installations. Après l'invasion de la Crimée, on a vu apparaître, sur les
réseaux sociaux et sur le fil de discussion de nos journaux, des milliers de
commentaires faisant l'éloge du "grand libérateur" Poutine. Aujourd'hui plus que jamais, ces usines à trolls fonctionnent
24 heures sur 24. Pour que les populations des pays totalitaires puissent à
nouveau disposer d'une information fiable, il faut sans tarder remettre en
service nos émetteurs AM, en ondes courtes, ondes moyennes et ondes longues.
Contrairement aux réseaux numériques, les ondes n'ont pas de frontières. Ce n'est plus le moment de céder aux effets de mode, en vantant
aveuglément les nouvelles technologies. Il y a urgence. La modulation d'amplitude n'est pas obsolète, elle est vitale. |
Le nouveau monopole En cette année 2021, nous fêtons ce que l'on appelle en France
la libération de la bande FM. Libération ou libéralisation ? Les mots ont leur importance. Les évènements récents nous confirment que la privatisation n'a
pas apporté la liberté. Concernant Europe 1, c'est plutôt le contraire. A sa création en 1955, Europe n°1 installe son émetteur en
Sarre, tout près de la frontière française. Le monopole de la radio d'état
lui interdisant d'implanter son émetteur en France, elle sera donc une radio
"périphérique", tout comme Radio Luxembourg, Radio Monte Carlo et
Radio Andorre. Mais l'état français ne tolérant aucune radio privée, y compris
à nos frontières, il va devenir actionnaire majoritaire d'Europe 1, par
l'intermédiaire de la Sofirad (Société Financière de Radiodiffusion). Il en
sera de même pour Radio Monte Carlo et Sud Radio, cette dernière ayant été
créée de toutes pièces par la Sofirad, afin de concurrencer Radio Andorre. L'état sera également présent dans le capital de Radio
Luxembourg, via l'agence Havas. Seule Radio Andorre est restée totalement privée, mais elle le
paiera très cher, en étant harcelée par les autorités françaises tout au long
de son existence (voir notre dossier sur Radio Andorre). Malgré la présence de l'état dans leur capital, nos radios périphériques
disposaient quand même d'une certaine marge de manœuvre. Ce fut le cas en
particulier en mai 1968, où RTL et Europe 1 diffusent leurs reportages en
direct des barricades, malgré la réticence des autorités. Au milieu des années 80, les radios périphériques sont
autorisées à diffuser en FM sur le territoire national. L'état français vend
ses actions, la Sofirad est dissoute. La principauté d'Andorre refuse de renouveler les concessions
de Radio Andorre et Sud Radio. Radio Andorre disparaît en 1981. Sud Radio s'installe à
Toulouse, avant d'être privatisée et revendue à plusieurs reprises. Le dernier actionnaire en date, le groupe Fiducial,
clôt définitivement l'histoire de cette radio du sud. Seule la marque "Sud Radio" est conservée, pour en faire
une talk radio parisienne servant les intérêts politiques de son actionnaire. En 2000, Radio Monte Carlo a subi à peu près le même sort. Le
groupe NextRadio TV a seulement conservé la marque
"RMC" pour créer une radio parisienne où la musique est totalement
absente. RTL est la seule station privée à avoir conservé un véritable
format généraliste, en évitant de trop bouleverser sa grille de programmes,
ce qui lui a permis de rester très populaire auprès de son auditoire. A Europe 1, c'est le contraire. Dès que l'audience diminue, on
change tout. Résultat, les auditeurs perdent leurs repères et vont voir
ailleurs, l'audience diminue, on rechange tout, et ainsi de suite… A sa privatisation en 1986, la radio a été cédée à Jean-Luc
Lagardère, homme d'affaire à la tête d'un empire industriel. Son héritier Arnaud Lagardère a vendu une grande partie des
activités paternelles pour se recentrer sur les médias. Devenu actionnaire minoritaire de son propre groupe, et en
conflit avec une partie des autres actionnaires, il tente de sauver sa place
à la tête du groupe Lagardère en faisant entrer le loup dans la bergerie, en
la personne de Vincent Bolloré. Ce dernier impose un rapprochement avec sa chaîne de télévision
C-News, très orientée politiquement. Plusieurs humoristes
d'Europe 1 sont débarqués sans ménagement, pour avoir simplement osé se
moquer gentiment de la nouvelle ligne éditoriale. En juin 2021, Europe 1 connaît la première grève de son
histoire. Certains journalistes sont écartés, remplacés par d'autres dont
les opinions sont plus en phase avec celles du nouvel actionnaire. Le 23 juin 2021, en couverture du journal Libération, on peut
lire ce titre : "le spectre de la bande FN", où l'on voit le micro
d'Europe 1 partiellement recouvert de la bonnette de C-News. A l'époque du monopole, l'état est parfois intervenu dans la
gestion des radios périphériques, qui étaient en quelque sorte des
"radios privées étatiques". Mais jamais avec une telle violence. Ces gros actionnaires considèrent les radios comme de simples
"produits" dont ils peuvent disposer à leur guise afin de servir
leurs intérêts politiques et commerciaux. Une radio n'est pas un produit, ou une marque. Une radio c'est
une équipe de personnes motivées, qui ont l'amour de leur métier. Et à
l'autre bout de la chaîne, ce sont les auditeurs, qui vivent avec cette
radio. Un ancien dirigeant d'Europe 1 parlait même d'ADN. L'intervention de l'actionnaire dans la ligne éditoriale est
une grave erreur, qui vaut en partie à la France d'être assez mal placée dans
le classement de Reporters Sans Frontières. Après les longues années de monopole de la radio publique, de
1945 à 1981, nous attendions tous une libération. Mais en fin de compte, nous
aurons eu une simple libéralisation, c'est-à-dire une ouverture au privé,
dans des conditions néfastes à la démocratie et au pluralisme. Un nouveau monopole est né. |
RMC : la fin des
Grandes Ondes Si vous avez bien suivi l'évolution du paysage
audiovisuel, vous savez que Radio Monte Carlo a cessé ses émissions en 2001,
rachetée par NextRadio, devenue NextRadio
TV, société présidée par Alain Weill. Les studios de Monaco ont été fermés, la quasi-totalité
du personnel licencié. Par la suite, les émissions locales ont disparu. Installée en région parisienne, la nouvelle
station s'est d'abord appelée RMC Info, puis RMC. La musique a disparu définitivement de
l'antenne, le slogan étant "Info, talk, sport". Donc une radio
thématique qui se prétend généraliste. Le succès commercial de l'opération est
indiscutable, en particulier avec la création par la même société de
plusieurs chaînes de télévision, dont BFM-TV. Il n'en reste pas moins vrai que l'utilisation
du nom de RMC est une imposture. Pendant la cérémonie de mariage du Prince
Albert de Monaco, cette pseudo RMC diffusait… le tour le France ! La radio a continué à émettre en ondes
longues depuis le centre émetteur de Roumoules (Alpes de Haute-Provence)
géré par MMD (Monaco Media Diffusion). La station ne souhaitant pas renouveler le
contrat, les émissions sur 216 kHz ont cessé le 28 mars 2020, sans aucune
annonce. Ironie du sort, la station est désormais inaudible dans la région de
Roumoules, qui n'est pas couverte par la FM ! Contrairement à la station historique Radio Monte Carlo, qui avait adopté le format "musique et infos", les programmes de l'actuelle RMC n'intéressent guère les auditeurs étrangers, et on les comprend. Que le "Moscato Show" et
autres "Grandes Gueules" ne soient plus audibles dans les pays
voisins est plutôt une bonne nouvelle pour l'image de la France ! |
Emission spéciale :
Radio Andorre, 80 ans La Principauté d'Andorre a connu un rayonnement
international grâce à la radio. Radio Andorre a commencé officiellement ses
émissions le 7 août 1939. En hommage à la station légendaire de la
Principauté, Atlantic 2000 a réalisé une émission
spéciale consacrée aux 80 ans de la naissance de Radio Andorre. Cette émission a été diffusée le samedi 10
août 2019 sur 6070 kHz et sur Internet, de 08:00 à 09:00 TU. L'émission est
disponible en Podcast. Ce programme a été très écouté. Sa diffusion
a entraîné un grand nombre de connexions. Nous avons reçu 2 fois plus de rapports
d'écoute que d'habitude. Le Podcast a été très
sollicité, et continue à l'être longtemps après la diffusion. Il est remarquable de constater que même
parmi les auditeurs qui ne comprennent pas le français, presque tous
connaissent Radio Andorre, et ceci plus de 40 ans après la fin de ses
émissions. Un auditeur japonais nous a fait parvenir la
copie d'une carte QSL qu'il avait reçue après avoir écouté Radio Andorre en
ondes courtes depuis le Japon en 1980, alors que la puissance des émetteurs
ondes courtes de Radio Andorre ne dépassait pas 10 kilowatts ! Le 13 septembre 2009, nous avions diffusé une
émission spéciale à l'occasion des 70 ans de la naissance de Radio Andorre.
Cette émission est toujours disponible en Podcast. |
Retour à la case
départ
A la fin des années 70, aucune radio privée n'était autorisée
en France. Radio France était la seule radio à pouvoir émettre depuis
l'hexagone. C'était le monopole d'état, qui durait depuis la seconde guerre
mondiale. De ce fait, les radios privées françaises émettaient depuis les
pays frontaliers : RTL au Luxembourg, Europe 1 en Allemagne, Sud-Radio et
Radio Andorre en Principauté d'Andorre, et RMC, théoriquement depuis Monaco. Cette dernière bénéficiant d'une dérogation, ses émetteurs étaient en réalité sur le sol français. Comme elles
étaient situées à la périphérie du territoire, on les appelait les radios
"périphériques". Sur la radio publique concurrente France Inter, on les appelait
les "marchands de soupe", terme peu élogieux, qui faisait allusion
aux très nombreux spots publicitaires diffusés à l'antenne. En effet, pour écouter de la musique pendant dix minutes
consécutives sur RTL, Europe 1 ou RMC, c'était mission impossible. Entre 7
heures et 9 heures du matin, vous deviez subir sur ces trois radios, souvent
à la même heure, les revues de presse, horoscope, chronique économique,
l'invité politique du jour, les jeux téléphoniques, les informations, le
rappel des titres, la météo, les informations routières… Et parfois, un petit bout de chanson que l'on coupait très vite
pour passer la publicité qui envahissait l'antenne toute la journée. Heureusement, dans le nord, on recevait les radios de haute mer
: Caroline, Mi Amigo, puis, dans les années 80, Laser 558 et Monique. Dans le sud, on pouvait écouter de la musique sur Radio Andorre
et Sud Radio. Et le soir, Radio Luxembourg 208 couvrait toute l'Europe. Puis arriva la fameuse libération des ondes. Au début des
années 80, des centaines de stations firent leur apparition sur la bande FM. Mais contrairement à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, où les
ondes ont été libérées par des radios de haute mer à dominante musicale, la
France a choisi d'autres voies. Bon nombre de radios étaient à caractère politique ou
associatif, avec des programmes sans grand intérêt. Quant aux radios musicales, c'était surtout la quantité, mais
pas la qualité. En 1981, une radio libre française, c'était un émetteur relié
à un magnétophone autoreverse, diffusant toute la journée la même bande
musicale. Passé l'amateurisme du début, de véritables radios musicales
sont apparues. Certaines d'entre elles se sont constituées en réseaux : NRJ,
FUN, Europe 2, Nostalgie, RFM, Pacific FM, Chic FM,
Kiss FM, Maxximum, etc… Ainsi, au milieu des années 80, il était enfin possible en
France d'écouter de véritables radios musicales privées. Puis Europe 1, RMC, RTL et Sud Radio ont été autorisées sur la
bande FM. Beaucoup de radios locales ont cessé leurs émissions, faute de
ressources suffisantes. Du côté des réseaux, certains ont disparu, d'autres ont changé
de propriétaire, rachetés pour la plupart par RTL, Europe 1, et par le
nouveau venu dans la cour des grands, NRJ. Peu à peu, les réseaux musicaux se sont transformés en radio généralistes,
introduisant de nouvelles rubriques : météo, horoscope, informations
routières, jeux et chroniques diverses, sans oublier les interminables
conversations téléphoniques avec les auditeurs, la fameuse "libre antenne", qui permet à quelques uns de
s'écouter dans le poste, tout en payant un numéro surtaxé ! A tout cela s'ajoute une très grande quantité de spots
publicitaires : les affaires sont les affaires ! Malheureusement, les radios de haute mer ont disparu. Radio
Andorre s'est arrêtée en 1981, Sud Radio et RMC ont perdu leur âme, transformées en "talk
radios". Ainsi, plus de 40 ans après la fin du monopole, trois ou quatre
groupes financiers contrôlent la quasi-totalité des radios privées
françaises. A certaines heures de la journée, comme dans les années 70, il est de nouveau impossible d'écouter dix minutes
de musique sans interruption. Retour à la case départ… |